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vendredi 19 novembre 2021

Les transports au cœur de la crise climatique

 

4 pages transports rédigé par la Commission Nationale Écologie du NPA (date non précisée)

Les transports au cœur de la crise climatique

Les transports (marchandises et personnes) représentent 1/3 des émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. Ils sont aussi les principaux émetteurs des particules fines. L’hyper-développement des infrastructures routières contribue à l’artificialisation des terres. Au lieu de mener des politiques capables de réduire ces pollutions, tous les gouvernants favorisent les entreprises du BTP, les constructeurs de véhicules et les transporteurs routiers. Au détriment des plus pauvres qui peinent à se payer leurs déplacements. Il est urgent de diminuer les GES tout en permettant à chacun de se déplacer.

En attendant l’indispensable sortie du système capitaliste qui façonne inégalitairement la société et bouleverse le climat, le NPA soumet à la discussion des propositions alternatives au tout-voiture et tout-camion. Propositions à débattre démocratiquement, pour être décidées par le plus grand nombre et imposées aux gouvernants.


Une réalité : de plus en plus de déplacements

Villes et campagnes ont été remodelées par l’automobile. La cherté des loyers a repoussé les classes populaires à la périphérie des villes, dans des logements collectifs, dégradés faute d’entretien, dans des quartiers paupérisés par la crise. Les politiques menées par tous les gouvernants y ont supprimé, comme dans les zones rurales, les services publics, augmentant ainsi les distances à parcourir. Les suppressions d’emplois ont à leur tour allongé les trajets domicile-travail. Le chômage a transformé ces quartiers en no man’s land déshumanisé. Encouragés par une politique d’incitation à la propriété privée, les habitants qui le peuvent fuient vers les campagnes. La prolifération de lotissements de maisons individuelles a profondément modifié l’espace et fait exploser les trajets quotidiens. Mais pour les habitant-e-s, souvent modestes, des campagnes pavillonnaires, c'est souvent un bus le matin, un le soir, obligeant à avoir une voire deux voitures. Sans compter que le développement du travail posté, les horaires décalés ont supprimé les moyens collectifs de transport assurés par les employeurs.

Dans notre vie quotidienne structurée par la société industrielle marchande et l’éclatement du territoire qu’elle nous impose, les transports motorisés sont devenus indispensables à l’immense majorité de la population.

Les loisirs n’échappent pas à l’explosion de la mobilité. Bouchons de voitures au moment des départs en vacances, « sauts de puces » en avions avec des billets pas chers car hyper subventionnés par les collectivités locales et les conditions de travail lamentables du personnel, croisières polluantes sur des villes flottantes… Il est grand temps de réfléchir à des loisirs soutenables pour la planète, sortis des sentiers battus du consumérisme et du tape à l’œil. Le mouvement des gilets jaunes a dénoncé l’inégalité entre les personnes contraintes à utiliser la voiture et les privilégiés qui prennent l’avion utilisant un kérosène détaxé.



Nos propositions :

- réhabiliter, rénover les logements existants en ville

- réimplanter des services publics en campagne

- construire en zone urbaine dans les « trous » existants

- encadrer les loyers

- favoriser les transports en commun.

- faire toute leur place aux piétons et aux personnes handicapé.e.s

- mettre fin aux projets de méga-centres commerciaux, de loisirs…



Développer les transports en commun


Pour diminuer l’impact de la voiture, nous avons besoin de bus, de trams, de trains, nombreux, fréquents et publics, reliés à des plateformes de covoiturage, équipés pour le transport des vélos, en ville comme en campagne. Personne ne doit être privé d’un réseau efficace de transports collectifs.


Nos propositions :

- rouvrir les gares et lignes supprimées, au sein d’un vrai service public du rail

- développer les transports en commun pour permettre à chacun.e de se déplacer, avec des moyens pour le multimodal (vélo-bus, vélo-tram…)

- développer un service public de plateformes de co-voiturage.


Financer la gratuité !


Ceux et celles qui sont convaincu-e-s que l'écologie est incompatible avec le libéralisme, ont à rechercher ce qui est utile, immédiatement. La gratuité est un moteur de changement des comportements et des mentalités. Elle est la base d’une société axée sur la valeur d'usage et non la valeur d'échange. C’est aussi une incitation à se mettre en mouvement, à agir, à s’opposer à la loi du marché, à élaborer d'autres projets de société. La question fondamentale est : comment faire baisser le nombre des véhicules individuels, afin de diminuer la pollution de l'air, de lutter contre le réchauffement climatique (CO2), contre le bétonnage et le bitumage qui nécessitent toujours plus de granulats, et de sable, qui détruisent des terres agricoles et des écosystèmes…?
Un des leviers est la gratuité des transports en commun, qui s’étend d’ailleurs en Europe. En France, 32 villes et agglomérations la financent. Le constat est net : les bus sont pleins, moins d’incivilité, moins de pollution, les voitures restent au garage.


D’ailleurs, pendant les pics de pollution, la gratuité est appliquée pour son effet incitateur à utiliser les transports collectifs. La pollution chronique est tout aussi néfaste. La gratuité est une réponse efficace au déplacement de tous et toutes, sans discrimination de revenus, de façon moins néfaste à l’environnement. Si elle est utile pendant les pics de pollution, elle l’est tout autant le reste de l’année.


Nos propositions :

- prendre l’argent public (subventions, impôts…) englouti par la voiture (parking, autoroute…)

- augmenter le versement transport payé par les entreprises.

- stopper les projets et chantiers autoroutiers qui visent le toujours « plus vite, plus loin » cher au productivisme, comme l’autoroute à l’est de Rouen, la LGV entre Limoges et Poitiers, le contournement de Strasbourg. Il est établi que ces infrastructures fonctionnent comme des aspirateurs à véhicules, augmentant le trafic jusqu'à saturation, au lieu de le fluidifier.


Reconvertir le secteur automobile

La part mondiale des émissions de CO2 due aux transports motorisés est de 30 %. La voiture y entre pour moitié. Le parc automobile mondial a dépassé 1 milliard en 2007 (32 millions en France), les constructeurs comptent atteindre le 2e milliard en 2030. Ces chiffres révèlent la démesure du capitalisme qui a su exploiter le sentiment illusoire de liberté que donne la voiture. Fausse liberté qui s’est vite transformée en dépendance écocide. Les constructeurs sont discrédités par les scandales (Carlos Ghosn, Volkswagen…). On sait maintenant que les tests sur bancs d'essais ne reflétaient pas les émissions réelles suite à des trucages. Ces mêmes constructeurs veulent saturer les marchés chinois et indiens comme ils ont saturé les marchés occidentaux où 1/3 des voitures neuves sont des monstres SUV et pick-up à usage urbain.

C’est pourquoi, en 2017, les émissions de CO2 des véhicules neufs ont augmenté pour la première fois depuis 95, en France et en Europe. L’usage de la voiture individuelle doit être profondément diminué et partagé.

Nos propositions :

- reconvertir l’activité industrielle, en lien avec les travailleurs du secteur auto, vers des productions socialement utiles, au bénéfice des usagers des transports (trains, tram, bus, éolienne, voiture individuelle réellement économe en émissions polluantes…). 400 000 salarié.e.s sont concerné.e.s, dont 120 000 chez PSA Peugeot Citroën et Renault, avec les équipementiers et les sous-traitants. Personne ne doit être sacrifié : nous aurons besoin de toutes les compétences et savoirs faire. Ceux qui sont en trop, ce sont les actionnaires !

- exproprier PSA et Renault au sein d’un pôle public automobile intégrant les sous-traitants en garantissant la continuité des salaires, des qualifications et la cohésion des équipes d’ingénierie et de production. 

- mettre en place des organes de contrôle démocratique gérés par les usagers et les producteurs pour mener une nouvelle politique des mobilités.


- mise à niveau de véhicules anciens évitant le gigantesque gaspillage constitué par la mise à la casse de millions de véhicules.



L’arnaque de la voiture électrique

Bien loin de l’image de la « voiture propre » dont les constructeurs, avec la complicité des gouvernants, vantent les mérites, espérant doper leurs productions et leurs profits, la voiture électrique est un nouveau miroir aux alouettes. Globalement autant émettrice en CO2 que les voitures thermiques tout au long de leur cycle vie (études de l’Adème), elle nécessite des ressources rares (terres et minéraux), donc épuisables et enjeux stratégiques entre les Etats. Elle va demander des quantités d’électricité supplémentaire que les pays sont bien incapables de fournir, sauf s’ils multiplient les centrales nucléaires (EPR en France) ou à charbon (Chine…). De plus, qui des collectivités ou de l’Etat, va payer les bornes de recharge ? L’argent public injecté pour stimuler son achat, ne convient qu’aux plus riches.


Nos propositions :

- réorienter les budgets publics de la voiture électrique vers les transports en commun et transports moins polluants.

- stopper la publicité mensongère qui a déjà été condamnée par la justice anglaise : la voiture électrique n’est pas une voiture 0 émission.


Prendre le vélo au sérieux

Sa pratique reste marginale. Pourtant, il a été très populaire. Il peut le redevenir ! Le vélo combiné à d’autres modes de transport doit être encouragé notamment en créant partout les parkings, abris et aménagements de circulation nécessaires, en développant les combinaisons multimodales (bus-vélo, tram-vélo…). En ville mais aussi à la campagne où il a longtemps été le seul moyen de se déplacer. Sans obéir aux injonctions de la mode, le vélo électrique peut trouver son utilité dans certains trajets rendus difficiles en raison de l’éloignement ou de la nature du terrain. Un vélo, oui, électrique, pas forcément !

Nous défendons des systèmes de partage des deux roues, en dehors d’un développement concurrentiel des grosses sociétés privées  de location en « libre accès », qui crée une course anarchique, un débordement sans rapport avec les besoins et donc  un gaspillage tous azimuts, et bien sûr une individualisation accrue.

Le vélo a tout à gagner de la gratuité des transports en commun

Il existe parmi les opposants au tout-voiture, dans leur diversité, notamment au sein de la FNAUT (Fédération nationale des usagers des transports) et de la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette), un courant significatif qui s’oppose à la gratuité des transports publics au motif que les gens qui utilisent les bus gratuits seraient ceux qui marchaient et/ou roulaient à vélo avant la gratuité, et donc que le nombre de voitures en moins serait infime.

Nombre de spécialistes reconnus s’expriment en faveur de la gratuité et contredisent cet argument qui ressemble fort à un parti pris idéologique. Nous faisons le choix inverse, celui de la gratuité vers l'égalité et la démarchandisation de la société.


Transporter les marchandises


Toute solution passe impérativement par une diminution drastique du volume de marchandises transportées à travers le monde. Le productivisme s’attache à produire des biens et des services pour en tirer de la plus-value. Ensuite, il cherche à les vendre, quitte à créer des besoins inutiles, à coups de matraquages publicitaires. La mondialisation capitaliste a fait exploser les volumes transportés en mettant en concurrence les salarié.e.s et les systèmes sociaux. Pour augmenter les profits, elle systématise la sous-traitance et les stocks roulants.

Définissons d’abord collectivement, usager.e.s et product.eur.rice.s, de quoi nous avons besoin, comment le produire de façon la moins destructrice, au plus près des lieux de consommation. Voyons ensuite comment le transporter. Ces choix de société ne peuvent être que discutés collectivement, par delà les frontières.


En France, les marchandises circulent à 85% sur la route, 9% sur les rails, 2,3% sur les fleuves. L’OCDE prévoit la multiplication par 4 des volumes transportés pour 2050. Il faut stopper cette évolution climaticide. La politique du « toujours plus vite » a favorisé les lignes ultra-rapides (TGV, LGV), en siphonnant les budgets de la SNCF, a fait disparaître les gares et les lignes secondaires qui permettaient de circuler sur tout le territoire.

Pour autant, nous ne défendons pas les TGV-fret, les autoroutes ferroviaires (lignes transversales avec des trains de 1500 m visant à favoriser le trafic international et donc l'externalisation des productions) et le ferroutage (camions mis sur wagons) qui servent plus à contourner les nœuds routiers (montagne, mer, Paris, Lyon) qu’à réduire l’impact des poids lourds sur l’environnement.

Quant aux transports maritime et aérien, grand consommateur de carburant non taxé et champion d’émissions de GES, il est vital de les réglementer. Cela passe par une diminution des marchandises transbahutées d’un continent à l’autre, pour la loi du profit.


Nos propositions :

- Priorité au fret ferroviaire et fluvial

- développement d’un vrai service public du transport de marchandises qui supprimerait les conditions de travail indignes des routiers.

- taxer le kérosène, le gasoil des cargos, réduire les allées et venues à travers la planète.


Alors, que fait-on ?

Le climat s’emballe. En cause du modèle de développement productiviste du capitalisme qui épuise les ressources naturelles et humaines. Pour en sortir, il faut faire converger les luttes de toutes celles et ceux qui, sur le terrain, lient les questions écologiques et sociales : marcheu.r.se.s pour le climat, Zadistes, gilets jaunes, syndicalistes… Qu’on soit gilet jaune, vert, rouge, orange ou « jeune », nos intérêts, nos aspirations à l’égalité et à la démocratie, nos envies de vie meilleure, débarrassée de l’exploitation et de la domination, sont les mêmes. Unissons-nous, mobilisons-nous, revendiquons pour une vie meilleure, dans l’unité la plus large, avec la force du nombre.

CNE