Présentation du numéro d'octobre-novembre de Socialter
À rebours d’une vision apolitique selon laquelle l’« humanité » dans son
ensemble détruirait une « nature » abstraite, la crise écologique que
nous traversons trouve son origine dans l’histoire coloniale. Dès le XVe
siècle, à mesure qu’elles étendaient leurs empires, les puissances
occidentales ont exploité conjointement les écosystèmes et les
populations des territoires asservis. Cette histoire du capitalisme
colonial se poursuit aujourd’hui sous d’autres formes : extractivisme,
déforestation, « colonialisme vert », racisme environnemental, dette
climatique, pollutions... En témoigne le scandale du chlordécone aux
Antilles, qu’analyse dans ce dossier Malcom Ferdinand, figure centrale
de l’écologie décoloniale en France. Invitant à décentrer notre regard, à
cultiver d’autres imaginaires et savoirs ou encore à repenser le droit,
ce courant de pensée foisonnant hybride les traditions intellectuelles
et militantes de plusieurs continents. C’est aussi et surtout une
écologie de luttes, façonnée par de multiples mouvements de résistance,
des victimes de l’agent orange aux peuples autochtones d’Amazonie qui
réclament d’en finir avec la prédation d’une minorité sur l’ensemble du
vivant.