Socialter numéro 59
Alors qu’on le disait illégitime et inefficace, le sabotage semble
bénéficier d’un regain d’intérêt chez les militants écolos, qui
réinvestissent ces méthodes d’action tombées en désuétude depuis les
années 1990 et renouent avec les premières heures du syndicalisme
ouvrier. En France, les derniers mois ont notamment été marqués par les
actions spectaculaires contre les cimenteries Lafarge et les
méga-bassines, mais aussi par une multitudes d’autres opérations de «
désarmement », pour certaines non revendiquées, prenant pour cible des
infrastructures et des biens écocidaires – golfs, SUV, autoroutes,
fermes-usines, antennes 5G, etc... Loin de faire l’unanimité parmi les
activistes, la destruction de biens matériels continue d'alimenter de
nombreux débats dans le camp écolo, tandis que du côté de l’État,
l’heure est à la répression : accusation d’« éco-terrorisme »,
surveillance, gardes à vue prolongées, dissolution des Soulèvements de
la Terre… Une dérive autoritaire, dénoncent les défenseurs des libertés
publiques, visant à dissuader par la peur les militants qui seraient
attirés par des modes d’action plus musclés.